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Vive le livret A !?

Nous assistons à un raz de marée pour le livret A et le LDD (Livret de Développement Durable - ex Codévi) en octobre après que le gouvernement a relevé leurs plafonds, passé de 15000 à 19000 euros (somme maximum que l’on peut placer désormais) sur le livret A, tandis que celui du LDD a lui été doublé.
Résultat donc, 20 milliards d’euros se sont déversés le mois dernier sur ces livrets. D’habitude, les bons mois, on avait maximum 2 à 3 milliards.

Pour info, le gouvernement prévoit, contrairement aux promesses de campagne de François Hollande, de rehausser le plafond du livret A par pallier de 25 % environ par an, au lieu de son doublement immédiat, ce que revendique la CGT.

Faut-il s’en réjouir ? Car cette décision de relever les plafonds a été fortement critiquée. On supposait notamment que l’on détournait l’épargne des français, qui allait vers le monde de l’entreprise, pour le livret A c’est-à-dire pour la construction de HLM. Ce qui est d’autant plus incompréhensible que de l’argent pour les logements sociaux, il y en aurait trop aujourd’hui ! Tout ne serait pas utilisé. Donc avec cette mesure, disait-on, on allait gonfler un peu plus les réserves du livret A.

Cela étant, l’Indécosa-CGT considère au contraire que le besoin en matière de construction de logements et en réhabilitations est considérable, tout particulièrement en zone urbaine, il est estimé à 500 000 nouveaux logements par an dont 150 000 logements sociaux (60 000 pour l’ ??le-de-France) et à 1 million par an pour les réhabilitations (notamment thermiques). Pour la fondation Abbé Pierre, « les mises en chantier ont, au contraire, chuté de 22.5 % entre février et avril 2012 »

Cette critique est-elle fondée ? Et bien à moitié seulement. Oui c’est bien vrai, il y aurait un surplus dans les caisses du livret A, mais cet argent ne dort pas ! Il est utilisé de plus en plus pour aider les entreprises, les PME, les collectivités locales, et c’est une excellente chose. Car si les banquiers critiquent le livret A, ils devraient aussi se poser une question : pourquoi ce placement est-il si populaire ? Et bien l’une des clefs du succès, c’est que le livret A, c’est simple et cela jouit d’une bonne image. C’est ce qui manque aujourd’hui terriblement au monde de la finance.

Parce que si on a besoin aujourd’hui du livret A pour aller financer les mairies, les collectivités locales, c’est parce que Dexia, dont c’était le rôle, est allé se fourvoyer en spéculant aux Etats Unis, sur des subprimes. Et tout ça a explosé.
De même si on a besoin aujourd’hui du livret A pour financer les PME, c’est parce que la Bourse ignore totalement les PME, le monde de l’entreprise. Dans les salles de marché maintenant on spécule sur des produits dérivés incompréhensibles. Et pour mémoire, la CGT veut que l’épargne serve à financer des projets industriels.

La centrale syndicale, qui vient de désigner Thierry Lepaon pour succéder à Bernard Thibault au poste de Secrétaire général, a également exprimé une autre revendication en matière d’épargne réglementée. La CGT souhaite que davantage de fonds soient affectés à l’industrie française, en particulier grâce à la création d’un « nouveau livret d’épargne Emploi-Industrie ».

Pour l’organisation, ce nouveau livret « devrait permettre de mobiliser l’épargne abondante vers le financement des projets industriels ». Son objectif serait « d’orienter spécifiquement une partie de l’épargne défiscalisée au service du développement industriel ». Une proposition qui fait écho aux arbitrages rendus par Matignon à l’issue du séminaire gouvernemental sur la compétitivité, mardi 6 novembre.

Dans sa décision n°4, le gouvernement a annoncé une « mobilisation accrue », à hauteur de 10 milliards d’euros, des ressources du Livret d’Epargne Industrie, qui serait appelé à remplacer le LDD. Ces fonds seront alloués à la BPI sous forme de prêts.

Donc oui, face à cette finance devenue folle, le bon vieux livret A et le LDD financent le logement social, les PME. C’est-à-dire un toit, un emploi. Vive le livret A !?

Reste que le gouvernement, qui comme son prédécesseur prend l’habitude de donner d’une main pour reprendre de l’autre, envisagerait courant 2013, d’assujettir le Livret A et autre Livret Bleu (rien n’a encore filtré en revanche concernant le LDD) aux prélèvements sociaux (CSG et CRDS) comme c’est déjà le cas avec le Plan Epargne Logement par exemple. Cela alourdirait par ailleurs l’avis d’imposition sur les revenus des particuliers, en augmentant leur Revenu Fiscal de Référence, d’où les répercussions que l’on sait sur le calcul des APL, des surloyers, de la taxe d’habitation, j’en passe et des meilleures. Alors le livret A restera-t-il populaire ? Réponse en 2013 !

Article publié le 23 novembre 2012.


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