vous êtes ici : accueil > Notre activité > Expressions
Dimanche 13 janvier se sont tenues en France quelques manifestations contre le mariage pour tous, ça n’a échapppé à personne tellement les médias s’en seront fait l’écho avant, pendant et après (dommage au passage qu’ils ne s’en donnent pas autant à cœur joie lorsqu’il s’agit de parler des manifs contre les plans sociaux, contre la vie chère, la précarité, la flexibilité, les réformes visant à détruire nos systèmes de retraites ou encore notre système de santé… A croire que les questions sociétales soient plus vendeuses que les questions sociales).
Pourtant, méritent-elles qu’on en parle autant ? Comment accorder du crédit à de telles manifestations lorsqu’on sait :
Mais tous ont des points communs : ringardise (incapacité à vivre avec son temps et à accepter les évolutions de société et le progrès), ignorance, intolérance, obscurantisme, et surtout incommensurable bêtise ! A l’image de cette Frigide Barjot (cette harpie catho de droite qui autrefois militait au RPR et rédigeait les discours de Charles Pasqua, pour situer le personnage !) dont rien que le pseudonyme évoque la stupidité du propos.
Bêtise flagrante lorsque ce manifestant explique par exemple qu’il est descendu dans la rue parce qu’il le faut bien, sinon « il n’y aura plus de limite », et qui est dans l’incapacité de répondre au journaliste qui lui demande quelle autre limite a été franchie alors qu’elle n’aurait pas dû l’être.
Bêtise navrante lorsque ces autres manifestants expliquent que si ce projet de loi passe, ils pourront alors épouser leur oncle, leur sœur, leur chien, leur ours en peluche ou leur champs de carottes (c’est réel !)
Bêtise encore lorsqu’ils proclament que cette loi annonce la mort de la famille traditionnelle, soit la fin du monde, puisqu’il n’y aura plus de couples hommes/femmes pour faire des enfants et assurer la pérennité de notre espèce. Car chacun sait que l’homosexualité est terriblement contagieuse.
Bêtise toujours lorsqu’ils affirment qu’un enfant ne peut s’épanouir au sein d’une famille homosexuelle, refusant d’écouter ces témoignages d’enfants qui, majoritairement, pour avoir vécu dans de telles familles, ne sont pourtant ni dégénérés, ni dépravés, ni socialement exclus (et ni homos malgré le risque de contagion, est-il utile de le préciser ?).
Certes, certaines situations peuvent ne pas être aisées à vivre, comme peut ne pas être facile à vivre pour des enfants d’hétéros le fait d’avoir des parents qui divorcent, qui boivent, se disputent, les battent, ou lorsque l’un d’eux vient à décéder, que sais-je encore… Si toutes les situations étaient idéales ou idylliques, cela se saurait, et ce serait merveilleux. Mais on n’est pas dans le monde des Bisounours. Et statistiquement, il s’avère tout de même que les enfants élevés par des parents de même sexe sont souvent mieux aimés (parceque toujours réellement désirés sans doute), mieux éduqués, mieux armés pour affronter l’existence et grandir au sens noble du terme.
Est-il si difficile de comprendre que ce que veulent les homosexuels, c’est être intégrés dans notre société, et jouir par conséquent des mêmes droits, et aussi, on aurait tendance à trop vite l’oublier, des mêmes devoirs !? Est-il normal par exemple qu’en cas de décès, le conjoint survivant ne puisse bénéficier d’une retraite de reversion ? Ou que l’enfant qu’il a élevé avec sa compagne ou son compagnon, qui était reconnu comme seul parent légitime, lui soit enlevé afin d’être confié à sa belle famille ou pire, à la DDASS ? Ou qu’en cas de séparation il ne puisse être exigé une pension alimentaire du parent « illégitime » ? Il s’agit là de protéger les conjoints autant que les enfants (car, ne nous leurrons pas, des enfants « d’homos », il y en aura encore et toujours, pour ne pas dire de plus en plus, même si la loi devait ne pas être promulguée !). Et il s’agit aussi d’en finir avec l’hypocrisie. L’homoparentalité existe, qu’on le veuille ou non, et les gays et lesbiennes continueront à recourir à l’adoption, à la procréation médicalement assistée, aux mères porteuses, quitte à contourner les lois, à mentir sur leur état civil, ou à effectuer leurs démarches à l’étranger. Est-ce cela que l’on souhaite ? Et puis tiens, soyons vénaux (en ces temps de crise, on nous le pardonnera) : quand on sait ce que ça coûte d’adopter ou de se faire inséminer à l’étranger, cet argent ne serait-il pas mieux dépensé s’il restait sur notre territoire, s’il était injecté dans notre propre économie ?
Bon allez, ces manifs, c’est du vent, elles ont fait pschittt. Nous, tout ce qu’on demande, c’est qu’Hollande tienne ses promesses et que son gouvernement assume ses choix et ses convictions jusqu’au bout. Les lois sur l’avortement, le PACS, ont été décriées au moment d’être votées, et aujourd’hui ces pratiques sont reconnues d’utilité publique, elles sont « normales », pour emprunter un terme de campagne cher à notre Président. Ce sera donc aussi le cas du mariage pour tous.
Et tout bien considéré, il y a des débats et des enjeux éminemment plus importants que le mariage pour tous. Et ceux qui ont avoué manifester pour la première fois de leur vie dimanche dernier (ça fait quand-même mal à entendre pour les cégétistes habitués à batailler que nous sommes…) devraient se mobiliser davantage sur des questions aussi essentielles que la sauvegarde de nos retraites, de nos emplois, de notre système de sécurité sociale par exemple.
Article publié le 15 janvier 2013.