vous êtes ici : accueil > ACTUALITES > Emploi - Salaire

Vos outils
  • Diminuer la taille du texte
  • Agmenter la taille du texte
  • Envoyer le lien à un ami
  • Imprimer le texte

Situation économique et sociale

La situation économique et sociale se dégrade. L’économie française souffre à la fois d’une insuffisance chronique de la demande salariale et d’une faiblesse de ses capacités de production. La stratégie patronale visant à améliorer coûte que coûte la rentabilité des capitaux et les politiques libérales du gouvernement enfoncent davantage notre pays et ne peuvent déboucher sur aucune perspective encourageante.

Impulser la demande salariale, modifier le partage de la valeur ajoutée au profit des travailleurs, et développer les capacités productives et en premier lieu les capacités humaines sont indispensables pour sortir la France de l’impasse.

Des indicateurs dans le rouge

L’indicateur le plus souvent utilisé pour rendre compte de l’évolution de l’activité économique, à savoir le taux de croissance du produit intérieur brut (Pib) fait état d’une dégradation de la situation. Le Pib a pratiquement stagné au second trimestre 2005 (+ 0,1 %), après une modeste augmentation de l’ordre de 0,4 % au premier trimestre.

Cette dégradation est d’autant plus grave que prise dans son ensemble, la croissance de l’économie mondiale s’accélère depuis 2004 (mais la zone euro se caractérise par un faible taux de croissance économique). Pire encore, depuis la fin de l’année dernière la France a une performance plus médiocre que ses partenaires européens.

D’autres indicateurs confirment aussi cette dégradation de la situation.

L’emploi salarié stagne au premier semestre et même recule au second trimestre (moins 6 100 postes).

L’emploi industriel qui est en recul depuis 2001, enregistre une nouvelle baisse (moins 20 500 postes) au second trimestre.

Le chômage ne recule pas. Officiellement, environ 3,5 millions de personnes sont au chômage. Certes, statistiquement le nombre de demandeurs d’emploi officiellement recensés diminue au mois de juin (- 35 000) ; mais il faut souligner qu’en même temps, 39 000 personnes sont définitivement radiées des listes de l’Anpe et 31 000 personnes ont cessé de rechercher un emploi.

La précarité progresse. Trois emplois nouveaux sur quatre sont précaires.

70 % des offres d’emplois déposées à l’Anpe sont pour des contrats de moins de six mois, et le développement des contrats précaires continue d’alimenter le chômage : 30 % des entrées au chômage sont des fins de Cdd et d’intérim.

La faiblesse du pouvoir d’achat handicape la croissance. La hausse des prix de la plupart des produits de base et particulièrement ceux des produits pétroliers, d’une part et d’autre part la modeste progression des salaires, l’accroissement du chômage et de la précarité, réduisent le pouvoir d’achat de la plupart des ménages salariés et pèsent sur la consommation. Il en est de même pour ce qui concerne les chômeurs et la plupart des retraités.

La consommation des ménages, qui est pourtant le principal moteur de la croissance économique, aurait diminué de 0,2 % au second trimestre expliquant la quasi stagnation du Pib et la baisse (- 0,2 %) de la production industrielle sur cette période.

Les performances commerciales sont médiocres.

Alors que la situation du commerce mondial s’améliore et que l’euro a perdu 12 % par rapport au dollar depuis le début de l’année, favorisant les exportations, notre commerce extérieur demeure déficitaire. Pire, le déficit se creuse pour atteindre 11 milliards d’euros au premier semestre (8,6 milliards sur l’ensemble de l’année 2004).

Le gouvernement répond aux seules exigences patronales

En dépit de ces indicateurs incontestables de la dégradation de la situation, le premier ministre parle de « quelques signes d’amélioration » sans en donner des exemples concrets.

Négligeant totalement le sens des demandes sociales exprimées par le refus du projet de la Constitution européenne, le gouvernement Villepin poursuit brutalement, en les intensifiant, les mauvais coups contre le monde du travail. Il multiplie les avantages accordés au patronat. Les exemples ne manquent pas :

  • remise en cause des droits élémentaires des travailleurs, particulièrement en créant le contrat « nouvelle embauche » ;
  • instauration d’une « police des chômeurs » ;
  • baisse du taux du livret A ;
  • poursuite des privatisations ;
  • nouveaux cadeaux fiscaux et sociaux sous diverses formes (contrats « nouvelle embauche », nouveaux allégements pour les transporteurs routiers, les agriculteurs et pêcheurs... soi-disant pour contrebalancer la hausse du prix des produits pétroliers, etc.).

Doper les salaires et les capacités productives

La dégradation du solde du commerce extérieur est utilisée par le patronat et le gouvernement comme un argument supplémentaire pour renforcer les politiques anti-salariales. S’appuyant sur le constat d’un déficit commercial grandissant, le patronat et les experts gouvernementaux prétendent que la France souffrirait d’un problème de compétitivité - prix aux exportations en raison de ses coûts salariaux élevés.

Ils expliqueraient la dégradation de la situation. Ce mauvais diagnostic débouche sur un mauvais remède : il faudrait renforcer la politique de « désinflation compétitive ». Ils cherchent donc à augmenter particulièrement la productivité du travail, à renforcer la pression sur les salaires, les conditions de travail et les acquis sociaux. Bref, il s’agit pour eux de dévaloriser le travail.

Cette politique est catastrophique. Elle est déjà à l’œuvre depuis plus de vingt ans. Elle est à l’origine de la faiblesse chronique de la croissance économique et de l’emploi, de la persistance du chômage massif et du développement de la précarité.

Ce n’est pas en dévalorisant le travail, comme le veut le patronat et comme le fait le gouvernement avec ses mesures de précarisation, de privatisation et de reculs sociaux que l’on pourra résorber ces déficits et particulièrement le déficit d’emploi. Pour les résorber, il faut agir à la fois sur la demande salariale et sur les capacités d’offre de biens et de services.

Agir sur les salaires et l’investissement productif

L’insuffisance de la demande est surtout due à la faiblesse des salaires, particulièrement eu égard à l’évolution de la productivité du travail qui progresse plus vite que les salaires. Le résultat est un profond déséquilibre du partage de la valeur ajoutée au détriment des travailleurs et au profit des détenteurs de capitaux. Les résultats financiers des entreprises en témoignent.

Les capacités financières ainsi dégagées ne sont pas utilisées pour former les salariés et investir dans les capacités de production. Elles sont utilisées pour augmenter les dividendes versés aux actionnaires, et ceci au nom de compétitivité et d’attractivité de la France.

« Si les entreprises n’augmentent pas les dividendes, les capitaux vont quitter la France », argumente le patronat.

C’est faux ! La France est au troisième rang mondial en ce qui concerne les entrées de capitaux, derrière les Etats- Unis et le Royaume-Uni. Cet argument est l’autre versant du discours patronal prétendant que la France perd des parts des marchés mondiaux en raison de ses coûts salariaux trop élevés et d’un marché du travail trop protégé. Les statistiques montrent le contraire : les coûts salariaux en France sont plus bas que chez nos principaux concurrents à niveau de développement comparable, mais la productivité du travail en France est plus élevée.

Les capacités financières dégagées grâce au travail des salariés doivent être mobilisées pour augmenter les salaires, pour développer les capacités humaines et productives, pour combler le retard technologique et le recul de notre pays sur la scène internationale.

C’est pour cette raison que nous militons pour de nouveaux droits d’intervention des salariés sur les choix de gestion des entreprises.

Pour une autre politique économique

L’amélioration des capacités productives nécessite aussi de revoir les choix de politique économique. Le débat classique sur la combinaison optimale des politiques monétaire et budgétaire (ce que les spécialistes appellent « policy mix ») fait l’impasse sur un certain nombre de questions fondamentales.

Par exemple, aujourd’hui les taux d’intérêt sont très bas ; mais des crédits ne sont pas utilisés pour investir dans les capacités humaines et dans les moyens de production. De la même manière, une partie des dépenses publiques est gaspillée, par exemple sous forme de multiples aides et exonérations accordées au patronat.

Le débat de politique économique doit porter sur de tels aspects pour explorer de nouvelles marges d’intervention publique, pour impulser des politiques dans des domaines décisifs comme la recherche fondamentale et appliquée et le développement industriel. Il en est de même en ce qui concerne les privatisations qui réduisent le potentiel productif et les capacités d’intervention publique et ne profitent qu’aux financiers et à la Bourse.

Dans la mesure où les choix de politique économique en France dépendent largement des choix européens, une refonte de ces choix est aussi indispensable, comme l’exigent les salariés européens.

Article publié le 9 septembre 2005.


Politique de confidentialité. Site réalisé en interne et propulsé par SPIP.