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Passer à l’offensive face à la pandémie et à ses conséquences sociales

Ci-dessous la déclaration de la CGT au comité exécutif de la CES (Confédération Européenne des Syndicats) le 21 avril...

1. La situation en France est caractérisée par une réponse très tardive et fluctuante des autorités politiques pour faire face à la pandémie. Un certain nombre de mesures sont dictées par la pénurie de masques et de tests, par la faiblesse d’un système de santé public éreinté par des décennies de baisses de moyens. Si un certain nombre de mesures peuvent être saluées (recours facilité au chômage partiel, recours aux arrêts maladies pour les parents salariés devant garder leurs enfants, soutien à certaines activités), d’autres sont en revanche très contestables. L’état d’urgence sanitaire déclaré le 24 mars autorise des dérogations exorbitantes par rapport au code du travail, notamment en matière de temps de travail. Les services de l’inspection du travail sont à tel point entravés que plusieurs organisations syndicales ont saisi l’OIT pour faire sanctionner les violations à la convention 81 que la situation révèle. La France n’a pas négocié ni même défini de secteurs essentiels, ce qui autorise tous les abus et aboutit à une forme d’injonction paradoxale de type : « soyez tous confinés mais allez tous travailler ». Beaucoup de salariés se voient contraints de travailler dans des conditions sanitaires déplorables, sans protection et sans respect des distances de sécurité.

2. La situation en Europe se caractérise par une diversité d’approches et de mesures qui ne fait que souligner l’absence de réponse coordonnée au niveau et par les institutions européennes. Elle se double d’un cruel manque de solidarité, voire d’un renforcement de marques de défiance entre les différents pays, plus ou moins entretenu par certains gouvernements ou forces politiques. Dans un tel contexte, la voix de la CES est attendue à l’occasion du premier mai autour de propositions fortes et exigeantes !

3. Il nous semble important de travailler cette expression pour le premier mai autour, par exemple, des éléments suivants :
• mise en œuvre de politiques de solidarité entre les Etats et coordination des efforts de santé au plan européen ; assouplissement des règles budgétaires européennes pour favoriser les politiques sociales ; renforcement au plan européen des systèmes de santé publics et de la recherche médicale ;
• mise en place de véritables politiques anticipatrices, en matière de relocalisation des activités, dans l’industrie, dans l’agriculture et les services, permettant d’instaurer une meilleure autonomie face aux marchés internationaux et de reprendre le contrôle sur les modes de production et d’enclencher une transition écologique et sociale des activités ;
• réorientation des systèmes productifs, agricoles, industriels et de services, pour les rendre plus justes socialement, en mesure de satisfaire les besoins essentiels des populations et axés sur le rétablissement des grands équilibres écologiques ;
• établissement de soutiens financiers massifs vers les services publics, dont la crise du coronavirus révèle de façon cruelle leur état désastreux : santé publique, éducation et recherche publique, services aux personnes dépendantes...
• remise à plat des règles fiscales internationales afin de lutter efficacement contre l’évasion fiscale.

4. Compte tenu de la gravité de la crise pour les travailleurs, nous proposons que la CES demande la convocation d’une conférence internationale extraordinaire du travail pour le début de l’année 2021. L’OIT a joué un rôle historique dans les moments de crises majeurs du XXème siècle. Ses sessions de 1919, de 1944, ses travaux dans les années 30, ont aidé le monde à prioriser l’humain et le monde du travail après ou au cours de périodes de terrible déshumanisation. L’OIT doit donc prendre la main face par rapport à d’autres organismes multilatéraux qui cherchent à imposer leur agenda en ignorant comme ils l’ont toujours fait l’opinion des travailleurs. La CES pourrait, en synergie avec la CSI, porter la proposition d’organiser cette conférence avec pour objectif de tirer les leçons de la crise sanitaire mondiale et de ses conséquences sociales, en réunissant sur 3 à 5 jours des représentants des gouvernements, des travailleurs et des employeurs. Le monde du travail mérite une nouvelle déclaration de Philadelphie sur la justice sociale mondiale, les services publics, la primauté du travail sur la finance, ... ;

Article publié le 26 avril 2020.


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