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Nouveau suicide à La Poste : la direction clairement mise en cause !

 La CGT pointe notamment « une politique basée sur les suppressions d'emplois » et « la recherche de la productivité à tout prix ».

Le gouvernement a fait part vendredi 2 novembre de son émotion après le suicide d’un guichetier sur son lieu de travail mercredi, tandis que les principaux syndicats de La Poste ont pointé la responsabilité de la direction du groupe, qui a déploré un « évènement douloureux ».

« Particulièrement émus par le suicide d’un postier de l’Aisne sur son lieu de travail le 31 octobre, Arnaud Montebourg et Fleur Pellerin ont téléphoné à sa famille pour lui présenter leurs sincères condoléances », écrivent le ministre du Redressement productif et la ministre déléguée aux PME, à l’Innovation et à l’Economie numérique dans un communiqué conjoint.

Ils précisent que l’inspection du travail enquête sur les circonstances du drame et participe à un Comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT), convoqué vendredi à la suite du drame.

Le guichetier de 55 ans s’est pendu dans son bureau de poste à La Fère (Aisne), après avoir évoqué dans un mail « le manque de reconnaissance » dont il aurait été victime. Dans ce mail intitulé « Adieu », « envoyé quelques minutes avant son suicide à deux cadres de La Poste et à une collègue », le guichetier aurait évoqué « un manque de reconnaissance très fort », selon Régis Blanchot. « Il a mis en cause la volonté de la direction de lui faire quitter le bureau pour devenir ’agent volant’, et servir de remplaçant dans plusieurs bureaux du département », précise le représentant de SUD.
Toujours selon SUD, le guichetier avait alerté « Soutien aux postiers », une cellule de médiation interne, « et il n’y a pas eu de suite ». « Dans son mail, il dit que son acte montre aussi que ’Soutien aux postiers’ n’est qu’une ’façade’ », ajoute Régis Blanchot.

  • Démission ?

Pour la CGT et SUD, les deux premiers syndicats de l’entreprise, ce nouveau drame est le signe que la direction n’a pas pris toute la mesure de la situation.

« Combien de drames faudra-t-il encore supporter pour que le processus destructeur qui génère un épuisement physique et psychique des postiers soit enfin stoppé ? », s’interroge la CGT, mettant notamment en cause « une politique basée sur les suppressions d’emplois » et « la recherche de la productivité à tout prix ».

Pour SUD, « ce nouveau drame détruit la communication des dirigeants de l’entreprise qui affirment à qui veut l’entendre qu’ils auraient pris conscience du malaise des postiers et postières et que tout aurait changé à La Poste ».

Le syndicat estime que « la légitimité de l’équipe dirigeante est aujourd’hui mise à mal » et « pose la question de la démission de Jean-Paul Bailly », le PDG de La Poste.

La direction de La Poste a évoqué de son côté « un évènement douloureux ».

« Toute la communauté des postiers est bouleversée et présente à nouveau ses plus sincères condoléances à sa famille », écrit le groupe dans un communiqué.

  • « Ajustements »

« Dans le cadre des différentes enquêtes, toutes les mesures seront prises par La Poste, en liaison avec les organisations syndicales, pour recueillir les informations permettant d’établir les circonstances de ce drame », poursuit la direction.

En mars 2012, après les suicides de deux cadres en Bretagne, précédés six mois plus tôt par un autre suicide à Paris, Jean-Paul Bailly, PDG de La Poste, avait annoncé des « ajustements » dans les réorganisations, accusées par les syndicats du groupe qui emploie quelque 240.000 personnes d’être une source de malaise social dans l’entreprise.

Il avait aussi engagé « un grand dialogue pour améliorer la cohésion sociale ».

Après la publication du rapport sur les conditions de travail de la commission présidée par l’ex-secrétaire général de la CFDT Jean Kaspar, la direction a annoncé en septembre un « allègement de la pression sur les effectifs » via 5.000 recrutements supplémentaires d’ici à 2014.

Une annonce loin de combler les attentes des syndicats qui y voient de la « poudre aux yeux », les embauches ne compensant pas les départs attendus.

Source : Le Nouvel Observateur



 Pour secouer le mammouth postal, le nouveau patron des facteurs aura besoin de tous ses cercles d'amis.


Un groupe « menacé par des retards de compétitivité et fragilisé par de nombreux handicaps ». C’est ainsi que Jean-Paul Bailly décrivait La Poste dans les semaines suivant sa nomination, en septembre 2002. Moderniser ce mastodonte, tel est son ordre de mission. Pour y parvenir, il ne néglige aucun appui. Comme son prédécesseur Martin Vial, Bailly commence par asseoir son pouvoir en nommant à des fonctions clefs une brochette de personnalités extérieures. Dérogeant au passage à une tradition qui veut que les cadres dirigeants de La Poste sortent de l’ENSPTT (Ecole nationale supérieure des PTT).

C’est à la RATP qu’il recrute le premier cercle de ses fidèles. Rien d’étonnant à cela. Jean-Paul Bailly y a passé plus de trente ans. Entré en qualité d’ingénieur, après avoir fait Polytechnique et étudié deux ans au MIT (Massachusetts Institute of Technology), il a gravi tous les échelons jusqu’à la direction de l’entreprise, en 1994. C’est là qu’il a noué des relations de confiance avec Vincent Relave, le Monsieur Communication de la RATP, ainsi qu’avec Dominique Blanchecotte, sa directrice de cabinet. Tous deux ont conservé leur rôle à ses côtés à La Poste et siègent désormais au comité exécutif.

La rencontre avec Christian Blanc constitue une autre étape marquante de sa carrière. L’actuel député des Yvelines a dirigé la RATP de 1989 à 1992. C’est lui qui a nommé Jean-Paul Bailly directeur adjoint en 1990. « Il était mon bras droit dans cette belle aventure qu’a été la modernisation de la RATP », se souvient celui qui laissera le champ libre à son dauphin en démissionnant, deux ans plus tard. Les deux hommes ne se fréquentent pas régulièrement, mais l’ombre de Christian Blanc plane sur les nominations effectuées à La Poste. « La Poste est devenue l’ANPE des amis de Christian Blanc », persifle un fin connaisseur de l’entreprise.

  • D’une « prudence de Sioux » sur ses amitiés politiques

Exemple ? Christian Kozar, qui a pris la direction de la branche courrier. Cet ancien officier de l’armée de terre, spécialiste des questions de sécurité, a rencontré Christian Blanc à l’époque où ce dernier dirigeait la mission de concertation en Nouvelle-Calédonie, qui conduira aux accords de Matignon. Christian Kozar l’a suivi à la RATP, où il fait la connaissance de Jean-Paul Bailly, puis à Air France. Il rejoindra ensuite le Groupe Canal + lorsque Denis Olivennes, alors directeur des ressources humaines d’Air France, en prendra la direction. Aujourd’hui à la tête d’une branche réalisant les deux tiers du chiffre d’affaires de La Poste, Kozar apparaît comme l’homme fort du groupe. Les anciens d’Air France et de Canal + y jouent les premiers rôles : Philippe Lazare, le directeur des achats, dirigeait il y a quelques années Air France Industrie ; quant à Marc-André Feffer, directeur de la stratégie et chargé d’animer la structure de direction resserrée créée par Jean-Paul Bailly, il était le vice-président du directoire de la chaîne cryptée.

Sur ces amitiés politiques, Jean-Paul Bailly se montre d’une « prudence de Sioux », selon l’expression d’un sénateur UMP. On le comprend : les amitiés socialistes de son prédécesseur ont sans doute contribué à écourter son mandat. « Son réseau, c’est avant tout les gens avec lesquels il travaille », affirme Vincent Relave, brouillant les pistes en citant les noms de quelques élus de gauche : Jean-Paul Huchon, Bertrand Delanoë, Dominique Strauss-Kahn et Patrick Braouezec. Huit années passées à la RATP ont permis à Jean-Paul Bailly de nouer de solides contacts avec les élus de tous bords de Paris et d’Ile-de-France. Mais c’est Balladur qui l’a nommé à la tête de la RATP en 1994, puis Raffarin à La Poste. Son nom a même été évoqué pour un maroquin. A n’en pas douter, l’homme a l’oeil de l’Elysée : le président n’a-t-il pas cité en exemple, à l’occasion de ses voeux, la réussite de l’« alarme sociale » qu’il a mise en place à la RATP après les grèves de 1995 ? Un signe qui ne trompe pas. Comme le fait qu’il ait remercié le strauss-kahnien Philippe Grangeon, patron de la filiale Médiapost.

« Jean-Paul Bailly est avant tout un choix fondé sur la compétence », martèle le sénateur Gérard Larcher (UMP). Le président de la commission des affaires économiques du Sénat suit de près l’entreprise - il lui a consacré trois rapports depuis 1997, dont le dernier s’intitule « Le Temps de la dernière chance ». C’est aussi le cas du sénateur Pierre Hérisson (UMP), président de la Commission supérieure du service public des postes et télécommunications. Tous deux partagent la vision d’une nécessaire réforme de l’entreprise publique et constituent de solides appuis pour Jean-Paul Bailly.

Ce dernier a par ailleurs recherché l’alliance des élus locaux. La Poste compte 17 000 bureaux, dont 10 % réalisent la moitié de l’activité du groupe. La rationalisation de ce réseau pose un problème d’aménagement du territoire pour les élus ruraux. « J’ai discuté cinq ou six fois avec lui depuis un an et demi, alors que je n’ai jamais parlé au nouveau patron de France Télécom », explique Gérard Pelletier, le président de l’Association des maires ruraux de France, saluant son sens du contact. Pas suffisant, toutefois, pour obtenir le contrat de plan de ses rêves qui modernisera La Poste.

Source : la cgt-fapt-37

Article publié le 4 novembre 2012.


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