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J’aimerais que chaque français soutienne sa banque avec le sourire

Ce qui me touche le plus dans cette crise, c’est la situation des banques. Tous ces fleurons de la finance internationale qui s’écroulent les uns après les autres, c’est un crève-cœur.

Aujourd’hui, ayons de la mémoire. A chaque fois qu’un de nous a traversé une difficulté financière dans sa vie, sa banque a été présente et ce d’une façon humaine, attentive et totalement désintéressée. Alors si jamais la situation empirait, j’aimerais que chaque Français soutienne sa banque avec le sourire.

Personnellement, j’ai toujours entretenu avec la mienne une relation fusionnelle ! Par exemple, lorsque j’étais jeune comédien, tous les matins, pendant quinze ans, ils m’ont offert le service de réveil : « Oui, monsieur Guillon, c’est madame Dujeon de la BNP, il faut absolument combler votre découvert, vous êtes à moins 300, c’est urgent ! »

Quand madame Dujeon a été mutée, c’est madame Martin qui m’a réveillé, puis madame Leblanc et ainsi de suite, une vraie famille ! Et comme dans toutes les familles, quand un enfant abuse, il faut lui taper sur les doigts… Pour son bien. Moi, c’est l’achat d’un magnétoscope qui a déclenché l’ire de monsieur Ménard, directeur de l’agence de Créteil. Il s’était déplacé en personne au guichet, signe que la situation était grave. Monsieur Guillon, me dit-il, on ne dépense pas l’argent qu’on ne possède pas ! Et joignant le geste à la parole, il cisaille ma carte bleue au grand soulagement des clients présents. Pensez-vous, j’avais financé mon magnétoscope avec l’argent de leurs économies !

Aujourd’hui, j’ai grandi, je suis devenu mature. Mon compte est au beau fixe, mes rapports avec ma banque aussi. La voix qui m’appelle est beaucoup plus douce et attentionnée : « Est-ce que je vais bien, est ce qu’on en me dérange pas ? » Non seulement mes cartes de crédit ne sont plus cisaillées, mais j’en ai de toutes les couleurs. Et paradoxe des paradoxes, ils m’encouragent à être à découvert, ils veulent que j’emprunte. Faites-vous plaisir me disent-ils !

Voila. Pour toutes ces raisons, si demain la banque de monsieur Ménard est en faillite, elle peut compter sur moi. Je ne chercherais pas à me venger. Je n’irais pas à l’agence de Créteil découper la Carte bleue de monsieur Ménard et lui dire : « On ne dépense pas l’argent qu’on n’a pas ! »

Bien au contraire, je ferais un geste. Le magnétoscope, qui m’avait valu mon interdiction bancaire et qui aujourd’hui dort dans ma cave, déglingué, complètement pourri. Et bien je l’offrirais à monsieur Ménard, qu’il passe le chercher, cadeau !

Stéphane Guillon

Pour Libération

Article publié le 17 novembre 2008.


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