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SNCF : des cadeaux aux « meilleurs » contrôleurs

Les contrôleurs SNCF de la région Centre participent depuis jeudi à un challenge un peu particulier. Jusqu’au 31 décembre, ils participent à une opération de lutte anti-fraude dans les TER qui récompensera les agents les plus performants. A la clé, dix cadeaux à choisir parmi un netbook, un appareil photo numérique, une console de jeux ou des chèques cadeaux d’une valeur de 30 €.

Les modalités du concours ont été affichés dans les bureaux des contrôleurs de la région, selon une information révélée jeudi par Rue89.

La branche locale de la CFDT-cheminots n’a pas attendu pour solliciter une audition auprès de la direction. Elle entend discuter de ce moyen inédit de motiver les contrôleurs. « L’inconvénient de la course au chiffre, c’est qu’elle pousse les agents à délaisser leurs autres missions, comme la sécurité, par exemple », explique Corinne Dupont, déléguée en région Centre.

L’entreprise tente par divers moyens d’accentuer la lutte contre un fléau qui lui coûte chaque année autour de 350 millions d’euros. « Il est fréquent que les meilleurs agents soient récompensés par des chèques cadeaux, mais leur travail est alors évalué dans sa globalité, du service commercial au contrôle, en passant par les missions de sécurité dont ils sont chargés », explique ??ric Fernandez, responsable du contrôle à la CFDT-cheminots. Et si des primes sont versées aux agents - un pourcentage sur chaque procès-verbal réalisé -, la somme perçue dépasse rarement 20 euros à la fin du mois, expliquait l’année dernière au figaro.fr ??ric Ferreres, de la CGT-cheminots.

La direction du groupe ferroviaire avait démenti l’année dernière imposer des objectifs individuels chiffrés à ses contrôleurs. « Cela n’est écrit nulle part, mais ces objectifs existent. Ils diffèrent d’une région à l’autre, explique ??ric Fernandez. Le métier de contrôleur est difficile : les insultes sont fréquentes, on recense environ 450 agressions par an. Motiver ces agents est un réel enjeu pour la SNCF. »

La direction régionale de la SNCF se défend de lancer « une prime au PV ». « On est sur une émulation d’équipe, l’objectif n’est pas autre chose que de faire bien son métier et le contrôle fait partie des gestes du métier », explique-t-elle. Un argument contesté par les syndicats. « Ils ont déjà monté des challenges comme ça du côté du guichet, ça peut se comprendre, mais de là à organiser un challenge sur la fraude, on n’avait jamais vu ça, c’est n’importe quoi, on ne savait pas que la boîte pouvait aller jusque là », confie à l’AFP Didier Barra, délégué CGT des contrôleurs de la région Centre.

La CGT appelle au boycott

Cinquante personnes doivent être récompensées : quarante agents du service commercial trains (ASCT, le terme qui désigne les contrôleurs) et dix groupes de contrôle renforcé (GCR, le terme qui désigne les équipes spécialisées dans le contrôle à bord). Les premiers seront jugés sur l’application des tarifs majorés, payés par les usagers une fois montés dans le train. Les seconds seront jugés sur le nombre de cartes, de billets et d’abonnements falsifiés ou utilisés par un tiers.

Didier Barra est d’autant plus en colère que les syndicats sortent d’un mouvement social à la suite d’agressions des contrôleurs dans les TER. « Il y a un taux de fraude important mais l’entreprise se l’est créé elle-même : avec moins de personnel, les trains sont moins contrôlés, et avec le nouveau cadencement un agent seul ne peut pas contrôler tout le train tellement il est plein », souligne-t-il. La CGT appelle à « boycotter ce style de challenge ». « Hors de question d’entrer dans ce jeu-là », prévient Didier Barra.

Source : LeParisien.fr / LeFigaro.fr

Article publié le 3 novembre 2012.


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