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Le facteur nous a laissé une drôle de missive écrite par un agent des finances après une longue journée de réception. En guise d’éditorial et compte tenu d’une actualité devenue détestable et nauséabonde, nous avons préféré publier ce courrier.
Monsieur le redevable, Madame la contribuable, Mademoiselle la citoyenne. Si je me permets de t’écrire et de te donner encore un titre de civilité, c’est que ces titres sont en train de disparaître de ta déclaration d’impôt sur le revenu. Sache que tu es en train de devenir des déclarants 1, des déclarants 2. Pendant longtemps nous avions pensé que l’état s’essayait à la poésie surréaliste avec ta déclaration d’impôt sur le revenu. Inventant de nouveaux concepts, imposant de nouveaux mots tout en faisant disparaître d’autres, créant de nouveaux sigles et de nouvelles normes, mais aujourd’hui nous faisons face à une forme d’art inconnue.
Sache qu’à chaque début d’année, nous agent de ce ministère redoutons la nouvelle loi des finances. Plus les années passent, plus nous sommes en droit de penser que les hauts fonctionnaires et les législateurs ne font pas que marcher sur les moquettes épaisses des parlements nationaux. Non ils la fument tous et sans exception ! Ils sont pris d’une frénésie de réécriture des textes, faisant preuve d’une logique kafkaïenne, multipliant les causes et les conséquences. Cette année, chers déclarants, ils ont explosé tous les records et à force nous n’y pipons plus grand-chose.
Sache que ce que nous allons te dire oralement au fond des yeux dans les boxes de réception (on appelle cette technique une Cahuzac), nous le faisons à l’insu de notre plein gré.
En effet :
Sache pourtant que nous répétons à satiété cette phrase à nos élites en guise de conseil. « Pour qu’un impôt soit compris de tous, il faut une condition, une seule et unique condition. Il faut qu’il soit compréhensible pour l’ensemble de la population et notamment par les agents de ce ministère. »
Sache que chaque jour qui passe, nous nous demandons si le fameux esprit cartésien français cité parfois par ces grands esprits n’est pas qu’une légende, qu’un mythe.
Pour conclure, chers déclarants tu n’as pas fini de te précipiter dans nos accueils bondés. Si tu regardes bien et si tu laisses courir ton imagination, tu pourras voir ces milliers de questions en suspension cherchant désespérément une réponse logique.
Alors nous te disons avec compassion : « Bienvenue dans notre galère, chers camarades d’infortune ».
Source : la CGT Finances Publiques de la Creuse
Article publié le 21 mai 2013.