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Management : bienvenue chez Kafka !
Au début des années 1980, le développement du libéralisme s’est accompagné du développement d’une « science » du management... Cette soi-disant science est aujourd’hui rentrée dans les administrations.
Il s’agit en fait ni plus ni moins (selon le sociologue François Dupuy, régulièrement appelé au chevet des grandes entreprises) « d’un vaste ensemble de techniques de coercition. On multiplie les procédures - les process en novlangue managériale -. On impose aux cadres de laborieuses tâches de »reporting« - truffées de chiffres à peine compréhensibles - on ne jure que par les indicateurs de performance et l’évaluation professionnelle »...
Mais le problème qui apparaît aujourd’hui dans notre administration, c’est l’emballement de la machine : les directions empêchent les cadres de travailler efficacement en les empêtrant dans un magma informe de chiffres, de procédures et de consignes contradictoires (comment par exemple être attentif aux risques psycho-sociaux des agents et réorganiser le service avec moins de personnel ?).
Un sentiment d’absurdité envahit de plus en plus les collègues, et les cadres sont de plus en plus victimes d’un management dont ils ont souvent été les apôtres.
Beaucoup pensaient en toute honnêteté (il y a quelques années) qu’il était normal de rationnaliser le fonctionnement de notre administration avec les gains liés à la technologie... Mais aujourd’hui ? La course à la toute puissance technologique ne compense plus depuis longtemps les suppressions d’emplois. Nous sommes arrivés à un point de saturation.
Poussé à son paroxysme, c’est même l’effet inverse à celui recherché qui est obtenu : une organisation devenue folle dans laquelle prospèrent aigreur et amertume entre agents, entre agents et cadres, entre cadres et direction...
Les risques psycho sociaux (RPS) sont maintenant carrément normalisés comme étant inhérents à l’organisation. Même les responsables des Services RH et leurs agents semblent aujourd’hui touchés par ces risques alors qu’ils sont censés les limiter... Comment le pourraient-ils puisque nous sommes tombés maintenant dans le dogmatisme le plus dur en ce qui concerne les suppressions d’emplois et que le nouveau gouvernement continue la politique en la matière du gouvernement précédent ?
On reste stupéfié par un tel gâchis, qui est d’abord humain mais qui déborde sur le sens même de nos missions. L’excès de rationnalité aboutit à la plus kafkaïenne irrationalité. Surtout quand elle a pour principale raison de masquer les manques criants d’effectifs. L’obsession du changement, en écrasant la culture des hommes et la mémoire, débouche au final sur une organisation totalitaire, avec un discours stéréotypé, incapable de dialogue social, incapable de reconnaître les raisons de la souffrance au travail, incapable d’assurer à ses agents de toutes catégories le sentiment essentiel de bien faire son travail, incapable même de respecter ses engagements relatifs aux plans de qualification des agents...
GRRRR... IL VA BIEN FALLOIR QUE ??A P ??TE !
Source : Cgt Finances Publiques 66
Article publié le 27 mars 2013.